A Salta, en Argentine, le populiste Javier Milei capte « le vote de la colère »

Filles et garçons poussent des hurlements comme devant une rock star, ce jeudi 12 octobre, dans les rues de Salta, la capitale de la province du même nom, dans le Nord-Ouest argentin. Lorsque l’ultralibéral Javier Milei, depuis l’arrière du pick-up qui fend la foule, se met à agiter une tronçonneuse pétaradante, symbole de ce qu’il compte faire avec les dépenses publiques et l’Etat en général, la foule scande : « La caste a peur, Milei président ! »

Le candidat populiste d’extrême droite, favori dans les sondages pour le premier tour de la présidentielle du dimanche 22 octobre, devait bien cette visite à Salta : arrivé en tête lors des primaires du 13 août – un scrutin obligatoire préfigurant la présidentielle – dans 16 des 24 provinces du pays, c’est ici, à 1 500 kilomètres de Buenos Aires, que l’outsider a obtenu sa victoire la plus éclatante, avec 50 % des voix.

Mais c’est encore plus loin, à 165 kilomètres de Salta, en pleine Puna – les hauts plateaux andins –, que Javier Milei, sans y avoir jamais mis les pieds ni fait coller la moindre affiche, a obtenu son score le plus élevé, 63 %, avec une différence de 45 points avec le candidat arrivé en deuxième position, le péroniste Sergio Massa, actuel ministre de l’économie.

« On n’a pas vu venir le score de Milei, reconnaît Alberto Carral, le maire (péroniste) de San Antonio de los Cobres, bourg de 7 000 habitants perché à 3 775 mètres d’altitude et chef-lieu du département des Andes. On a été trop confiants. Mais maintenant, on travaille fort pour faire gagner Sergio Massa. » Ces dernières semaines, l’édile a fait du porte-à-porte, distribuant des paniers alimentaires. « Personne n’est dupe, les gens reçoivent le paquet, mais ce n’est pas pour ça qu’ils vont changer leur vote », glisse un fonctionnaire qui préfère taire son nom.

Supprimer le peso

« Le seul à avoir fait campagne ici pour les primaires, c’est Milei, sur les réseaux sociaux. Les autres ont fait ça à l’ancienne, on ne les a pas vus. Dimanche, je vais voter pour lui », affirme Mario Soriano, un étudiant de 22 ans. Au loin, sur la route cahotante, passe un camion chargé. Tous les jours, des poids lourds emportent l’or, l’argent, le borate et bientôt le lithium des mines entourant San Antonio de los Cobres. « On nous dit que notre région est riche, alors pourquoi sommes-nous toujours aussi pauvres ? », soupire Mario. Les villageois se plaignent de ne pas voir les retombées économiques de l’exploitation par des multinationales de toutes ces ressources.

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