Solidarité totale avec Israël, soutien à sa sécurité, avertissement aux autres acteurs armés de la région : l’administration Biden a réagi vite et fort à l’attaque terroriste multifrontale conduite par le Hamas le 7 octobre. La gravité des événements a mobilisé le Conseil de sécurité nationale dès l’aube. Le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, a multiplié les contacts avec les responsables palestiniens et les dirigeants du Moyen-Orient, cherchant en vain à obtenir des condamnations claires. Dimanche, le chef de la diplomatie a expliqué sur CNN que l’administration vérifiait des informations sur de possibles morts américains ainsi que des ressortissants enlevés par le Hamas.
Il en va de la Maison Blanche comme des partis politiques israéliens : les critiques de ces derniers mois contre le gouvernement Nétanyahou et ses projets illibéraux de réforme judiciaire sont mises de côté, devant l’ampleur du traumatisme subi. De même, la question de la faillite du renseignement et du dispositif militaire le long de la bande de Gaza n’est pas à l’ordre du jour. L’heure est au front commun.
Après s’être entretenu avec le premier ministre israélien, Joe Biden a prononcé une allocution pour renouveler les termes classiques de l’engagement américain aux côtés de l’Etat hébreu, lorsque sa sécurité est en jeu. Le président a appuyé un passage. « Laissez-moi dire ceci aussi clairement que possible : ce n’est pas le moment pour toute partie hostile à Israël d’exploiter ces attaques afin d’obtenir un avantage. » L’avertissement est destiné en priorité à la milice chiite du Hezbollah, au Liban, qui pourrait être tentée d’ouvrir un front au nord, en cas d’incursion terrestre de l’armée israélienne à Gaza.
La priorité absolue de Washington consiste à éviter une extension régionale du conflit. L’Iran est surveillé de près. Précision prudente d’un haut responsable américain samedi : « il est trop tôt pour dire si l’Etat iranien est impliqué » dans la préparation et l’exécution de l’attaque. La réhabilitation de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPoA) ayant échoué, par la faute de Téhéran, Washington doit, là aussi, se contenter d’objectifs modestes : prévenir une escalade avec ce régime hostile, pratiquant la prise d’otages comme le Hamas, au-delà de l’échange bilatéral de prisonniers formalisé le 18 septembre.
Une politique étrangère empreinte d’un réalisme d’airain
Au Congrès comme à la Maison Blanche, les concertations s’accélèrent pour fournir une aide sécuritaire d’urgence à Israël. Derrière cette solidarité affichée, l’administration est pourtant confrontée aux limites de son engagement : une Chambre des représentants en plein marasme, sans speaker, face à la perspective mi-novembre d’un shutdown des activités gouvernementales, faute d’accord budgétaire ; l’absence d’ambassadeur américain en Israël, le poste étant assuré par un chargé d’affaires ; des relations très complexes, voire tendues, avec deux des principaux acteurs régionaux, l’Egypte – médiateur traditionnel avec les factions armées palestiniennes – et la Turquie.
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