après les violences, une enquête ouverte et des questions en suspens

après les violences, une enquête ouverte et des questions en suspens

Jets de barrières de sécurité, sièges arrachés, bagarres… Le Parquet d’Ajaccio a décidé, mardi 22 août, d’ouvrir une enquête pour « violences aggravées au sein d’une enceinte sportive », au lendemain des heurts qui ont éclaté dans les tribunes du stade François-Coty pendant la rencontre de Ligue 2 de football opposant le club local aux Girondins de Bordeaux. Lundi soir, le match avait été interrompu pendant près d’une heure alors qu’une soixantaine de fans bordelais et leurs homologues en étaient venus aux mains. Selon la préfecture corse, cinq personnes ont été hospitalisées en urgence, ainsi que deux stadiers.

Un arrêté visant à « prévenir l’apparition de troubles à l’ordre public » avait pourtant été émis le vendredi précédent par le préfet de la Corse-du-Sud. En vertu de ce dernier, toute personne « se prévalant de la qualité de supporteurs des Girondins ou se considérant comme tel » se voyait théoriquement interdire l’accès au centre-ville d’Ajaccio, aux abords et à l’intérieur du stade. La rencontre avait débuté depuis une dizaine de minutes quand la soixantaine d’ultras bordelais, qui avaient acheté leurs billets normalement, ont entonné dans les tribunes des chants à la gloire de leur équipe. La réaction des aficionados de l’ACA a été immédiate. La suite est connue. Et la question qui se pose : comment en est-on arrivé là ?

« Ils arrivent en nombre, on le voit sur les vidéos, a déploré l’entraîneur d’Ajaccio, Olivier Pantaloni, auprès de beIN Sports. Comment ont-ils pu rentrer dans le stade ? Comment, en arrivant en masse, alors qu’il y a cinq camions de gendarmerie dehors, comment peut-on les laisser passer comme ça ? » Même son de cloche du côté du premier adjoint au maire de la ville, Alexandre Farina, sur X (anciennement Twitter) : « Comment malgré un arrêté préfectoral leur interdisant l’accès au stade, 63 ultras bordelais ont pu arriver à Ajaccio et jusqu’au stade de Timizzolu, y rentrer et s’installer dans une tribune familiale ajaccienne ? »

Des arrêtés contreproductifs ?

« Il leur était interdit uniquement de se comporter comme partisan bordelais : de chanter, célébrer un but ou de se prévaloir de cette qualité par le port de maillot ou d’écharpe », nuance toutefois Pierre Barthélemy, avocat au Barreau de Paris et spécialiste du droit public, interrogé par Le Monde. A l’heure de refaire le film des événements, ce dernier pointe surtout le timing d’émission de l’arrêté préfectoral. « Outre que celui-ci porte une atteinte grave à des libertés fondamentales et qu’il est donc probablement illégal, il est tardif.  » Pour se rendre en Corse, les supporteurs ne recourent pas au mode de déplacement habituel du public, avec des autocars qui arrivent pour la rencontre et repartent à l’issue de celle-ci. Avion, hôtel, places pour le match, les coûts engendrés pour assister à un déplacement de son équipe sur l’Île de Beauté sont conséquents. « Quand on a engagé 500 euros de frais, on ne peut ni repartir, ni se faire rembourser », développe le juriste.

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By Eduardo Carmona

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