Aux Etats-Unis, la bataille contre l’inflation se poursuit. Après une pause en juin, la Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé, mercredi 26 juillet, d’un quart de point son principal taux directeur, compris entre 5,25 % et 5,50 %, à son plus haut niveau depuis 2001. En dépit d’un ralentissement au cours des derniers mois, l’inflation reste au-dessus de l’objectif que s’est fixé l’Institution monétaire, à 2 %. Son président, Jerome Powell, a prévenu mercredi qu’il restait « un long chemin à parcourir » avant de la ramener à ce niveau.
La hausse de l’indice des prix à la consommation sur un an n’a été que de 3 % en juin, soit le niveau le plus faible jamais enregistré depuis que la Fed a commencé à relever ses taux il y a seize mois, en mars 2022. Hors énergie et alimentation, elle s’élevait toutefois à 4,8 %, sur un an.
Pour l’instant, le durcissement de la politique monétaire américaine n’a pas entraîné de récession ou de hausse importante du chômage. Mardi, le Fonds monétaire international (FMI) a même relevé sa prévision de croissance à 1,8 %, soit 0,2 point de pourcentage de plus qu’en avril dernier, citant « la bonne tenue de la consommation au premier trimestre, reflet d’un marché du travail encore tendu qui a favorisé l’augmentation des revenus réels ».
Envol des indices boursiers
« Le fait que nous soyons parvenus à la désinflation sans nuire à l’économie est une bonne chose », s’est félicité mercredi Jerome Powell ajoutant qu’il ne prévoyait plus de récession en 2023. Malgré les faillites de plusieurs banques régionales en début d’année, frappées par la hausse des taux, les craintes d’une débâcle financière se sont aussi dissipées, même si elles n’ont pas complètement disparu. Dans son communiqué, la Fed assure que le système bancaire du pays est « solide et résistant ».
Selon une étude publiée par Allianz Trade le 21 juillet, le relèvement des taux expliquerait à lui seul un recul de l’inflation de 5 points de pourcentage sur les douze derniers mois, soit la moitié de la baisse enregistrée. A cela il faut ajouter le retour à la normale des chaînes réapprovisionnement, après des pénuries qui ont fait flamber les prix pendant la pandémie de Covid-19, et le tassement des tarifs de fret maritime. Une main-d’œuvre plus nombreuse a aussi permis d’éviter une flambée des salaires, avec 280 000 nouveaux actifs enregistrés chaque mois depuis le début de l’année, grâce notamment à une politique d’accueil plus favorable vis-à-vis des migrants.
Signe que les investisseurs sont convaincus que le meilleur scénario – celui d’un reflux de l’inflation sans explosion du chômage ni récession – est en train de se produire, les indices boursiers s’envolent depuis le début de l’année. Le Nasdaq 100, qui bénéficie aussi de l’engouement pour l’intelligence artificielle, a décollé de près de 30 % depuis le début de l’année, tout comme le S&P 500 qui connaît la même trajectoire. Wall Street se rapproche désormais de ses records historiques. Comme l’écrit le Prix Nobel d’économie Paul Krugman dans les colonnes du New York Times du 13 juillet : « Nous n’avons pas encore touché la piste et l’atterrissage en douceur n’est pas garanti, mais il semble maintenant étonnamment à portée de main. »