Il y aura très vraisemblablement une dernière hausse des taux avant la fin de l’année et le loyer de l’argent restera longtemps à niveau élevé, au-dessus de 5 %. C’est le message principal envoyé par la Reserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), mercredi 20 septembre, à l’issue de la réunion de son comité de politique monétaire.
Si elle n’a pas touché à ses taux directeurs, qui restent dans la fourchette comprise entre 5,25 % et 5,5 %, la Fed devrait donc encore augmenter ses taux de 0,25 point au cours des prochains mois puis les faire retomber, selon les projections de l’institution monétaire, entre 5 % et 5,25 % d’ici à la fin 2024. La baisse sera donc très tenue, d’un demi point seulement, et bien inférieure à celle espérée en juin par les banquiers centraux, lorsqu’ils souhaitaient encore pouvoir réduire leurs taux de 1 %, selon leurs propres projections.
Ainsi, selon les commentateurs, la Fed a fait une « pause de faucon », annonçant encore des mesures douloureuses, à l’opposé de la Banque centrale européenne, qui a fait une « hausse de colombe », en laissant entendre que sa hausse des taux du 14 septembre était la dernière.
Explication, l’inflation reste toujours trop forte aux Etats-Unis. Certes, sur un an, la hausse généralisée des prix se situait à 3,7 % en août ; c’est beaucoup moins que le record de 9,1 % touché en juin 2022. Mais elle devrait être de 3,7 % en 2023 (contre 3,9 % prévus en juin) et de 2,6 % en 2024. Ce chiffre est toujours au-dessus de l’objectif de 2 % que s’est fixé la Fed.
Ainsi, avec une inflation qui pourrait baisser plus vite que les taux en 2024, les conditions monétaires vont se durcir l’année prochaine, signe de la détermination de la banque centrale.
Résistance de l’économie américaine
L’institution présidée par Jerome Powell est obsédée de ne pas réitérer les erreurs des années 1970 et du début des années 1980, lorsqu’elle avait lâché la bride trop tôt, permettant à l’inflation de ressortir de son lit.
Cette crainte est d’autant plus grande que la résistance de l’économie américaine continue de surprendre la Fed. M. Powell a concédé que la croissance était plus élevée que prévu, puisqu’elle devrait atteindre 2,1 % cette année et 1,5 % en 2024 (contre 1 % et 1,1 % lors des prévisions de juin). Quant au marché de l’emploi, il reste incroyablement fort, avec un taux de chômage qui ne devrait pas dépasser 4,1 % de la population active en 2024 et 2 025 (contre 4,5 % prévus en juin pour les deux années). Manifestement, la hausse des taux, considérable, avec un loyer de l’argent passé de zéro à plus de 5,25 % depuis mars 2022, n’a pas réellement ralenti la croissance et l’emploi, étapes indispensables pour éradiquer l’inflation.
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