Comment le XV de France peaufine sa préparation mentale pour la Coupe du monde depuis 2019

Comment le XV de France peaufine sa préparation mentale pour la Coupe du monde depuis 2019

En matière de préparation mentale, remonter la « flèche du temps » du XV de France – allégorie chère au sélectionneur Fabien Galthié – exhume parfois des souvenirs encombrants. Et pas forcément très lointains. « On a quand même pas mal de joueurs d’expérience dans cette équipe, donc je ne sais pas si un préparateur psychologique serait la solution, balayait Jacques Brunel, le prédécesseur de Galthié, au lendemain d’une énième déroute, en février 2019. C’est plus pour les cas individuels. Pour le collectif, je ne pense pas que ce soit la solution. »

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Quatre ans plus tard, le changement saute aux yeux. Jusqu’à la Coupe du monde 2019, le XV de France était la seule des grandes nations du rugby à ne pas intégrer de spécialiste de la préparation mentale à son staff. C’est désormais l’une des forces de cette équipe, qui s’apprête à affronter les Sud-Africains, champions du monde en titre, dimanche 15 octobre (21 heures, sur TF1), au Stade de France, pour une place en demi-finales de la Coupe du monde.

Un homme est à l’origine de cette acculturation des joueurs et de l’encadrement de l’équipe de France à la psychologie du sport et ses composantes : Mickaël Campo, responsable de la préparation mentale à la Fédération française de rugby. Cet ancien coach et préparateur mental du Lyon olympique universitaire rugby, titulaire d’un doctorat en psychologie, n’a rien d’une « botte secrète », encore moins d’un gourou aux « recettes de cuisine », clichés qui circulent encore à propos des préparateurs mentaux – même quand ceux-ci sont dûment formés. « On ne veut pas un mentor, ni un gourou », insistait d’ailleurs Fabien Galthié lors de sa prise de fonctions, fin 2019.

« Etre en maîtrise, rester en confiance »

« Ce qu’on amène est étayé par les connaissances scientifiques sur le sujet », expose Mickaël Campo au Monde, battant en brèche les raccourcis sur une discipline qui « souffre d’ultracrépidarianisme » – l’art de parler de ce qu’on ne connaît pas. A l’image de ces moments des matchs, après les essais (marqués ou encaissés) où le (télé) spectateur voit les Bleus se regrouper en petit cercle, et respirer. « J’ai vu des commentaires du style : “Ils font de la cohérence cardiaque.” Or pas du tout. Ou bien qu’on faisait ça pour arriver dans une “zone particulière”, c’est abracadabrantesque… »

Il s’agit en réalité de « bulles de maîtrise, à savoir maîtrise de soi, de nous et du message qu’on peut envoyer à l’adversaire », explique le préparateur mental. Avant les Français, les Australiens et les Sud-Africains, notamment, recouraient déjà à ces « huddles » (regroupements). Mais nulle « potion magique », comme certains ont eu tôt fait de le formuler, qui expliquerait pourquoi les Bleus ne subissent plus les craquages sous pression – du moins au vu de ce qu’ils ont montré jusqu’ici dans le Mondial. « Associer ces “bulles” aux résultats est une mécompréhension de ce qu’est la dimension mentale, c’est-à-dire un travail en continu », insiste le chercheur, détaché de la faculté des sciences du sport de l’université de Bourgogne.

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By Eduardo Carmona

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