de l’Italie à Nice, le peloton se frottera au Tourmalet et au col du Galibier

Quel sera le menu de l’année prochaine ? La question était dans tous les esprits des stars du cyclisme, réunies comme de coutume au Palais des congrès de Paris, mercredi 25 octobre, pour l’événement de la fin de saison : la présentation, en grande pompe, du parcours de la 111e édition du Tour de France. Lauréat, la veille, du Vélo d’or – récompense décernée au meilleur cycliste de l’année par le magazine Vélo Mag – Jonas Vingegaard était notamment présent dans la salle, pour savoir où il défendrait ses titres, acquis en 2022 et 2023.

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Avant que Christian Prudhomme, le directeur de l’épreuve, ne lève le voile sur la carte complète de ce cru 2024, le Danois avait déjà eu vent de l’entrée et du dessert. La course commencera plus tôt qu’à l’accoutumée, le 29 juin – la faute à un calendrier bouché par les Jeux olympiques de Paris (26 juillet au 11 août) – pour se terminer le 21 juillet.

Autre conséquence directe de la présence de l’événement quadriennal dans l’agenda estival : la Grande Boucle se conclura pour la première fois de son histoire loin de la région parisienne et des Champs-Elysées. Cap cette année sur le sud-est et plus précisément Nice, où les cadors du classement général auront une dernière occasion de faire la différence lors d’un contre-la-montre de 35 km partant de Monaco, passant par La Turbie (8,1 km à 5,6 %) et le col d’Eze (1,6 km à 8,1 %). Un parcours difficile, qui pourrait convaincre le Belge Remco Evenepoel, grand spécialiste de l’effort solitaire et vainqueur de la Vuelta en 2022, de faire ses débuts sur l’épreuve.

Avant un dernier combat le long de la Côte d’Azur, le Tour commencera trois semaines plus tôt de l’étranger, comme lors des deux éditions précédentes et pour la 26e fois de son histoire. Au Danemark et à l’Espagne succède cette fois l’Italie, l’occasion de mettre fin à une incongruité : jamais le peloton n’avait entamé son périple depuis la Botte, terre pourtant réputée du cyclisme et qui accueille chaque année des courses prestigieuses, dont le Giro, l’un des trois grands Tours du calendrier.

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Dans le pays, les coureurs disputeront trois étapes. Et la première devrait déjà permettre de se faire une idée assez précise des forces en présence. Longue de 205 km, elle reliera Florence à Rimini – où est mort Marco Pantani, maillot jaune 1998 –, en passant par sept difficultés répertoriées, pour un total vertigineux de 3 600 mètres de dénivelé positif. La mise en bouche à peine digérée, le peloton s’élancera le lendemain sur un parcours de 200 km entre Cesenatico et Bologne. Une deuxième journée qui passera par les hauteurs d’Imola, où le Français Julian Alaphilippe a glané son premier titre de champion du monde, en 2020.

Le col du Galibier dès la quatrième étape

Le lendemain, la troisième étape entre Plaisance et Turin semble promise aux sprinters, au bout de 225 km d’efforts. Une première occasion pour le Britannique Mark Cavendish – lui aussi présent au Palais des Congrès mercredi et chaudement applaudi lors de son entrée – de décrocher ce fameux 35e bouquet sur l’épreuve, qui en ferait le seul détenteur du record d’étapes gagnées. Il partage pour l’instant la première place de la catégorie avec la légende belge Eddy Merckx.

Le Tour de France cuvée 2024 n’offre pas le même relief que son prédécesseur, marqué par le passage dans les cinq massifs montagneux de l’Hexagone. Mais il promet quelques belles batailles entre Jonas Vingegaard, son rival, le Slovène Tadej Pogacar, et tous ceux désireux – et surtout capables – de se mêler à la lutte pour le maillot jaune. Dès la quatrième journée, les coureurs prendront ainsi la direction des Alpes pour une étape passant par le Col du Galibier (2 642 m d’altitude). « Jamais le Tour n’est monté aussi haut, aussi vite », a insisté Christian Prudhomme.

Le peloton se dirigera ensuite vers le nord de la France jusqu’à atteindre Troyes, dont la neuvième étape fera une boucle autour de la ville. Avant d’atteindre l’Aube, les coureurs auront passé trois jours en Côte-d’Or, l’occasion de se mesurer notamment dans un premier contre-la-montre individuel entre Nuits-Saint-Georges et Gevrey-Chambertin (25 km).

Il sera ensuite temps de redescendre vers les Pyrénées, mais le chemin n’aura rien d’une série d’étapes de transition. Une mention particulière pour la 11e (211 km), entre d’Evaux-les-Bains, dans la Creuse, à la petite station de ski du Lioran dans les monts du Cantal. « C’est l’étape coup de folie : 150 premiers kilomètres qui sont sinueux, ça monte, ça descend, c’est usant. Et puis boum : une série de murs », s’enthousiasmait le patron de la course auprès de l’Agence France-Presse, en amont de la présentation.

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Le directeur de l’épreuve et les spectateurs devraient en effet assister à un spectacle emballant en fin de journée, puisque quatre ascensions seront au programme des 50 derniers kilomètres : les cols de Néronne (3,8 km à 9,1 %), du Pas de Peyrol (5,4 km à 8,1 %), du Perthus (4,4 km à 7,9 %) et de Font de Cère (3,3 km à 5,8 %). A neuf mois de la course, Christian Prudhomme s’imagine déjà le scénario : « Si ce jour-là, Evenepoel et Pogacar s’allient… Sur ces routes sinueuses, on ne voit rien et ce sera très difficile à contrôler. »

Deux passages par les Alpes

Devenu passage obligé ou presque, la ville de Pau donnera le coup d’envoi des Pyréenes à l’occasion d’une 14e étape (152 km) se terminant à Saint-Lary-Soulan Pla d’Adet et passant par le mythique col du Tourmalet. Un sommet, avant une arrivée au Plateau de Beille, le lendemain (198 km), où le Français Thomas Voeckler avait défendu courageusement son maillot jaune en 2011.

Les Pyrénées terminées, les coureurs n’en auront pourtant pas fini avec la montagne puisqu’ils referont un passage par les Hautes-Alpes avant l’épilogue. Vingegaard, Pogacar et consorts devront notamment garder des forces pour la 19e étape (145 km), entre Embrun et Isola 2 000, affichant un total de 4 600 m de dénivelé positif à avaler dans la journée et une arrivée à 2 900 m d’altitude.

Privés cette année de la prestigieuse arrivée sur les Champs-Elysées, les sprinteurs auront tout de même d’autres occasions de briller au fil des trois semaines de course. Ils pourront par exemple s’illustrer lors de la 6e étape entre Semur-en-Auxois et Colombey-les-Deux-Eglises (176 km) ou lors de la 13e journée de course d’Agen à Pau (171 km).

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Ces terrains de jeu seront l’occasion de décerner un maillot vert du classement à points, qui pourrait perdre en prétendants jour après jour. Le début des Jeux olympiques, seulement cinq jours après la fin de la Grande Boucle, pourrait pousser quelques coureurs à écourter leur présence sur les routes du Tour pour peaufiner leur préparation. En 2021, le Néerlandais Mathieu Van der Poel avait par exemple décidé d’abandonner après seulement huit étapes pour se concentrer sur l’épreuve de VTT des Jeux de Tokyo.

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