Attablée en front de mer, un milk-shake à la vanille en main, Varvara Gracheva cherche frénétiquement une photo de ses chiens dans son téléphone. Elle finit par montrer fièrement un Parson Russell terrier en compagnie d’un Yorkshire. « J’ai plein de photos des animaux de mes amis mais très peu des miens », s’amuse cette amie des bêtes, qui possède également un perroquet. Il faut dire que la joueuse de tennis de 23 ans n’a pas souvent l’occasion de les voir. Ces derniers sont à Joukovski, petite ville russe située à 40 kilomètres au sud-est de Moscou. Or, depuis 2017, elle vit en France et ne revient que rarement dans son pays natal.
Un éloignement pourtant loin de lui peser. « J’aime ma vie ici, je me sens comme chez moi », glissait-elle au Monde, qui l’a rencontrée à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes) quelques jours avant son départ pour la tournée américaine, qui a débuté le 31 juillet à Washington DC et s’achèvera avec l’US Open. Comme chez elle au point de demander sa naturalisation, obtenue le 25 mai et dont elle a été notifiée une dizaine de jours plus tard. Si sa demande de naturalisation a été effectuée bien avant la guerre en Ukraine, consigne avait été donnée de ne pas aborder avec elle l’invasion du pays par la Russie.
A New York, où elle entre en lice lundi 28 août contre l’Américaine Taylor Townsend (132ᵉ mondiale) à 17 heures (heure de Paris), Varvara Gracheva (40ᵉ) disputera son deuxième Majeur en tant que Française, après sa grande première à Wimbledon… dont elle n’a pas gardé un souvenir impérissable. « Mon premier tour a été reporté à cause de la pluie, je n’en pouvais plus d’attendre. J’avais complètement oublié que c’était mon premier Grand Chelem en tant que Française ! », raconte-t-elle.
« Ici, c’est plus cool et accueillant »
C’est à l’âge de 3 ans que « Varya », son surnom, frappe ses premières balles. Sa mère, professeure de tennis, lui apprend alors « à faire les choses bien, avec qualité et détermination ». A l’aube de ses débuts sur le circuit juniors, vers 13-14 ans, elle quitte le cocon familial, la météo capricieuse et les infrastructures insuffisantes de la Russie pour tenter l’aventure en Europe. « Un peu partout » mais « toujours avec la même coach », sa compatriote d’alors Nina Bratchikova, ancienne top 100 mondiale.
Jusqu’en 2017 où sa mère, sur le conseil d’un ami, la convainc de poursuivre sa formation à l’Elite Tennis Center (ETC) du Cannes Garden Tennis Club (Alpes-Maritimes). Là-bas s’entraîne alors un certain Daniil Medvedev, lui aussi tout droit venu de Moscou. Mais la jeune femme traîne des pieds. « Je ne voulais pas quitter mon ancienne coach, explique-t-elle. Au début, c’était difficile pour moi de m’adapter aux règles du centre parce que j’avais toujours travaillé avec un coach individuel. »
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