Le mouvement indigène équatorien fait profil bas. Ni la Confédération des nationalités indigènes (Conaie), ni le Mouvement unité plurinationale Pachakutik (MUPP), ni le candidat au premier tour de l’élection présidentielle Yaku Perez n’ont donné de consigne de vote pour le second tour. Il se jouera, dimanche 15 octobre, entre Luisa Gonzalez, très proche de l’ancien président socialiste Rafael Correa, et Daniel Noboa, un jeune et riche entrepreneur.
Selon le recensement de 2022, les indigènes qui se définissent comme tels ne représentent que 7,7 % des 17 millions d’Equatoriens. Mais le mouvement indigène est depuis trente ans très présent sur la scène politique, capable à l’occasion de paralyser de pays. Il étale aujourd’hui ses divisions.
Mercredi, le président de la Conaie, Leonidas Iza, s’est prononcé à titre personnel, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux. « Nous avons lutté contre tous les gouvernements, rappelle le dirigeant indigène. Là, maintenant, nous nous devons de lutter contre les politiques néolibérales. Nous devons contrer la droite, qui est en train de détruire le pays. »
Sa position ne fait pas l’unanimité. « Leonidas Iza est très lié à Rafael Correa, qui a été un mauvais président. Moi, j’ai voté Yaku Perez au premier tour parce qu’il est Indien, et je voterai Daniel Noboa au second parce qu’il a l’air d’être compétent », explique Tayma Vega qui, à Quito, distribue des tracts à l’effigie du candidat de droite. Yaku Perez a annoncé qu’il voterait blanc au second tour.
La dégringolade des candidats indigènes
Les résultats du premier tour de la présidentielle et du tour unique des législatives, qui se sont tenues le 20 août, ont été catastrophiques pour les candidats issus du mouvement indigène. Yaku Perez, qui avait obtenu 19,4 % au premier tour de la présidentielle en 2021, a recueilli moins de 4 % des suffrages. Et le MUPP qui, il y a deux ans, avait fait élire vingt-cinq députés a l’Assemblée unicamérale – un record –, n’en a plus que cinq. Le Parlement et le président ou la présidente qui seront élus dimanche ne resteront en place que dix-sept mois, le temps de terminer le mandat de leurs prédécesseurs, les élections anticipées faisant suite à la démission du président Guillermo Lasso et à la dissolution de l’Assemblée.
Comment expliquer la dégringolade des candidats indigènes dans l’électorat ? « Pachakutik, qui est le bras politique de la Conaie, a fait les frais des ambitions personnelles de certains de ses leaders, répond Leonidas Iza. Ils ont oublié que dans la culture indigène, le collectif doit toujours primer. »
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