Le choix est fait. La Confédération africaine de football (CAF) a désigné, mercredi 27 septembre, les pays qui organiseront les phases finales de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 et 2027. Le comité exécutif de l’instance, réuni au Caire, a annoncé que le Maroc accueillera celle de 2025. Pour 2027, c’est le trio Kenya-Ouganda-Tanzanie qui l’a emporté face au Sénégal, au Botswana et à l’Egypte. Un choix qui confirme la volonté de la CAF de ne pas organiser deux fois de suite la compétition dans la même zone géographique, mais qui a surpris plusieurs acteurs du football africain, puisque seule la Tanzanie dispose à ce jour d’un stade homologué, à Dar es-Salaam.
L’annonce de l’instance a été précédée, la veille, d’un coup de théâtre : le retrait de la candidature de la Fédération algérienne de football (FAF) pour les deux éditions. Dans son communiqué, celle-ci a motivé sa décision par sa volonté de « concentrer ses efforts dans la réorganisation et la redynamisation de son football ».
Dans la foulée, plusieurs autres pays candidats (Zambie et duo Nigeria-Bénin) se sont à leur tour désistés, laissant le Maroc seul en lice pour obtenir l’organisation du tournoi en 2025. Patrice Motsepe, le président de la CAF, a estimé que ces retraits s’étaient faits au nom du principe « de solidarité » avec le Maroc, candidat à l’organisation de la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal. Un argument peu convaincant en ce qui concerne Alger, à couteaux tirés avec son voisin marocain.
Le 26 septembre, alors que les présidents des fédérations des pays candidats pour les CAN de 2025 et 2027 étaient au Caire, Walid Sadi, élu le 21 septembre à la tête de la Fédération algérienne de football, était, lui, reçu par Abdelmadjid Tebboune, le chef de l’Etat. « Le retrait est logique, estime l’ancien international algérien, Meziane Ighil, candidat à la présidence de la FAF. Nous avions eu l’impression que tout était joué depuis longtemps. L’Algérie n’a pas voulu participer à ce jeu malsain », ajoute M. Ighil.
« Les dés étaient pipés »
Alger, qui n’a organisé qu’une seule fois la compétition en 1990, disposait pourtant d’un dossier solide pour accueillir la CAN. « Des stades ont été construits et rénovés, les Jeux méditerranéens ont eu lieu à Oran en 2022, le Championnat d’Afrique des nations [CHAN] et la CAN des moins de 17 ans cette année, dans de bonnes conditions. Le pays a de bonnes structures, mais nous avons vite compris que la CAN 2025 aurait lieu au Maroc », poursuit Meziane Ighil.
Les responsables algériens ont peu goûté le discours que Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football, a prononcé en juin devant l’Assemblée nationale. « Le stade de Fès accueillera des matchs de la CAN 2025 quand le Maroc remportera l’organisation », avait déclaré l’homme politique. « Les dés étaient pipés d’avance. Mais je ne suis pas certain que l’Algérie aurait réagi de la même façon si le Maroc n’avait pas été concerné », admet un ancien dirigeant de club, en faisant référence aux récurrentes tensions diplomatiques entre les deux pays.
Jean-Baptiste Guégan, enseignant et auteur de Géopolitique du sport : une autre explication du monde (éd. Bréal by Studyrama, 2022), se dit « surpris » par la décision algérienne : « D’abord, le timing interpelle. Se désister la veille de l’examen des dossiers ne va pas renforcer la crédibilité de l’Algérie lorsqu’elle sera candidate à l’organisation d’une autre compétition. Le pouvoir politique joue clairement contre sa fédération, car l’Algérie avait la possibilité de challenger le Maroc. »
Le communiqué de la fédération pour annoncer le retrait de la double candidature algérienne « est habile mais me laisse dubitatif, ajoute-t-il. L’Algérie est un grand pays de football, elle a su organiser certaines compétitions récentes. Là, elle laisse un boulevard au Maroc, mais elle se fait une nouvelle fois mal voir par la CAF après l’épisode du dernier CHAN [le Maroc avait renoncé à disputer le tournoi après que le pouvoir algérien a refusé que les Marocains rejoignent directement Constantine depuis Rabat, l’espace aérien étant interdit aux appareils du royaume]. »
« Ce retrait est regrettable, abonde le dirigeant d’une fédération subsaharienne. L’Algérie semble se refermer sur elle-même, alors qu’elle devrait être une puissance en Afrique. Le Maroc l’a bien compris avec une diplomatie sportive efficace en nouant de nombreux partenariats avec des fédérations africaines et un président de fédération qui dispose de la confiance du roi Mohammed VI et des moyens qui vont avec. »