la tempête Ciaran paralyse la course

Alors que l’arrivée imminente de la tempête Ciaran sur le nord-ouest de la France et la météo dantesque qui l’accompagne mettent en pelote les nerfs des organisateurs et de l’immense majorité des duos de skippeuses et de skippeurs de la Transat Jacques-Vabre, Pierre Le Roy reste étonnamment zen.

Avec Benjamin Ferré (Monnoyeur-Duo for a job), ce Nordiste de 38 ans, fait pourtant partie des quarante équipages Imocas (monocoques de 18 mètres) bloqués à quai, au Havre (Seine-Maritime), depuis dimanche 29 octobre, date initialement prévue pour le départ.

Mais Pierre Le Roy est aussi météorologue. « J’ai été déçu de ne pas partir, mais on comprend la décision des organisateurs de mettre les bateaux à l’abri vu les conditions dans le Golfe [de Gascogne, où de 8 à 10 mètres de creux et des rafales à près de 120 km/h sont annoncés entre mercredi et jeudi] », dit-il.

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De 2010 à fin 2022, Pierre Le Roy a jonglé entre son métier de prévisionniste à Météo-France à Lille – à l’occasion, sur les tournois de tennis du Grand Chelem de Roland-Garros, Wimbledon ou l’US Open – et une intense activité de coureur au large couronnée par une victoire, en 2021, sur la Mini-Transat, une épreuve en solitaire sur coque de noix de 6,50 mètres. Désormais installé à Lorient (Morbihan) et navigateur à temps complet, il joue les coskippers tout en recherchant un Imoca d’occasion et des partenaires dans l’optique de s’aligner au départ de la Route du Rhum en 2026 et du Vendée Globe en 2028. Assez d’occupations pour attendre patiemment la communication d’une nouvelle date de départ.

« Le problème n’est pas tant la force du vent que l’état de la mer, explique-t-il au Monde. Envoyer une flotte de quarante Imocas qui coûtent chacun plusieurs millions d’euros dans une mer casse-bateau, c’est un gros risque à un an du Vendée Globe. »

Skippeurs réduits à faire le dos rond

S’il ne boude pas sa « position de concurrent, bien plus confortable que celle des organisateurs », il fait défiler sur l’écran de son ordinateur portable des fichiers météo aux tons grenat et violette dont même le béotien devine qu’ils n’augurent rien de bon. « 956 hectopascals, c’est 100 km de vent rien que sur les côtes », prévient-il.

Et ce n’est pas fini. Dans le sillage de Ciaran se dessinent les courbes d’une autre dépression qui devrait toucher le nord-ouest de l’Hexagone entre samedi et dimanche. « Elle semble un peu moins forte, mais c’est encore un peu tôt pour avoir des certitudes », dit Pierre Le Roy qui se refuse à tout pronostic, par respect pour les météorologues de la course. « Ils vont suivre l’évolution de cette dépression de samedi-dimanche, et s’ils la considèrent comme trop forte, on ne partira peut-être que la semaine prochaine », devine-t-il.

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