C’est une victoire sociale du syndicat des ouvriers de l’automobile américains, l’United Auto Workers (UAW), et un succès politique pour Joe Biden, qui avait fait le voyage de Détroit (Michigan), le 26 septembre, pour soutenir les grévistes dans le cœur battant de cette industrie. La venue du président des Etats-Unis sur un piquet de grève, sans précédent dans l’histoire du pays, illustrait sa conviction que le renouveau syndical doit accompagner la réindustrialisation.
En lutte depuis la mi-septembre, les salariés syndiqués de Ford, puis ceux de Stellantis, ont arraché une hausse salariale de 25 % sur cinq ans, des garanties sur le maintien des usines et une meilleure couverture sociale. Des « Big Three », seul General Motors reste à convaincre, arc-bouté sur son refus de titulariser son armée de travailleurs précaires, mais aussi la base de l’UAW, consultée dans les prochains jours. Ce sera un test pour Shawn Fain, président de ce puissant syndicat et figure d’un long conflit, où il a usé de nombreux stratagèmes pour déstabiliser les patrons des grands constructeurs.
« C’est un accord historique qui garantira aux travailleurs le salaire, les avantages sociaux, la dignité et le respect qu’ils méritent », s’est félicité M. Biden dans un communiqué. Ni plus ni moins qu’un juste retour des choses pour des ouvriers ayant consenti de lourds sacrifices, lors de la crise de 2008-2009, pour sauver l’industrie automobile, et qui travaillent désormais dans des entreprises réalisant d’importants profits, avait rappelé l’ex-président Barack Obama au début du conflit.
Les « Bidenomics » n’ont pas convaincu
Le lendemain de la visite du président à Détroit, Donald Trump intervenait non loin de là – devant des non-syndiqués et dans une usine épargnée par le conflit. Pas pour soutenir les grévistes, on s’en doute, mais pour leur dire qu’ils faisaient fausse route et dénoncer les risques de la transition verte pour le secteur automobile : « Ce que vous obtenez n’a pas d’importance parce que, dans deux ans, vous serez tous au chômage », avait lâché le probable adversaire républicain de M. Biden.
Le vote ouvrier sera déterminant dans la vieille Amérique industrielle, symbolisée par les Etats-clés du Michigan et de l’Ohio. Les électeurs suivront-ils M. Trump dans sa croisade contre les syndicats et l’environnement ou le président sortant, qui s’emploie à revitaliser l’industrie tout en assurant la transition écologique ? Les sondages indiquent que les « Bidenomics » n’en ont pas convaincu la moitié. Le trumpisme continue à faire ses ravages.