Les Jeux des îles de l’océan Indien, nouvelle source de discorde entre les Comores, Mayotte et Paris

« C’est de la provocation à l’état pur », s’insurge, jeudi 14 septembre, le député de Mayotte (Les Républicains) Mansour Kamardine. Trois jours plus tôt, à Moroni, le ministre des sports comorien, Djaanfar Salim, a déclaré que « l’île comorienne de Mayotte » pourrait être associée à l’organisation des futurs Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI) et accueillir des épreuves lors de la prochaine édition, en 2027. Une compétition importante dans la région, qui réunit tous les quatre ans les sportifs de Maurice, Madagascar, La Réunion, Mayotte et des Comores, Seychelles, Maldives. La dernière vient de s’achever à Madagascar le 3 septembre.

Chaque édition suscite des crispations. La raison principale : la charte des Jeux des Îles interdit que les sportifs de Mayotte défilent avec le drapeau français. En cas de médaille d’or remportée par ses athlètes, c’est l’hymne des Jeux qui résonne à la place de La Marseillaise. Il n’est pas rare que des incidents éclatent en tribune lorsque des supporteurs mahorais brandissent le drapeau bleu-blanc-rouge.

L’affaire ravive le conflit sur l’appartenance de Mayotte à la France. Depuis l’indépendance des Comores, en 1975, Moroni revendique toujours la quatrième île de l’archipel en s’appuyant sur une vingtaine de résolutions non contraignantes de l’ONU.

« Choix historique foulé aux pieds »

Pour le député Kamardine, le gouvernement comorien profite de l’attribution des JIOI à son pays, décidée le 31 août, pour « fouler aux pieds le choix historique, depuis 1841, des Mahorais d’être français ». Le parlementaire accuse aussi le ministère des affaires étrangères français de « laisser faire » et de « duplicité » en ayant appuyé la candidature de Mayotte à l’organisation des JIOI de 2027 (qui n’a pas été retenue) tout en « défendant une organisation conjointe avec les Comores ».

Lire aussi (2015) : Aux Jeux des îles de l’océan Indien, le drapeau français fait partir les athlètes comoriens

La députée Estelle Youssouffa (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) reproche elle aussi à Paris d’avoir « défendu mollement la candidature de Mayotte ». « La France, qui a présidé la Commission de l’océan Indien en 2021, ne s’est jamais battue pour que les sportifs puissent défiler avec leur drapeau et avec leur hymne. »

Au sein de la Commission de l’océan Indien, la France est représentée par La Réunion alors que Mayotte en reste exclue. La mobilisation des élus du 101e département français, des oppositions et d’une partie de la majorité avait contraint, en janvier, la ministre Catherine Colonna à retirer de l’ordre du jour de l’Assemblée nationale un projet de loi visant à actualiser le texte sans toucher à la représentation française.

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