L’UTMB, sommet mondial de l’ultra-trail, célèbre ses 20 ans sur fond de polémique environnementale

C’est à l’ultra-trail ce que la finale de la Coupe du monde est au football. L’événement à ne pas rater, celui dont rêvent les passionnés, la locomotive d’une discipline en progression constante depuis sa création, dont le succès ne cesse de croître, voire d’enfler, au risque d’y perdre ce qui a fait son prestige.

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Parce qu’à l’instar du Mondial l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) est aujourd’hui un label commercial à part entière, une source de revenus considérables, une marque florissante exportée dans le monde entier et un support promotionnel très convoité. Mais dans lequel certains ne reconnaissent plus les valeurs de simplicité, de générosité, de partage et de respect de la nature qui lui ont donné naissance, il y a tout juste vingt ans.

Du lundi 28 août au dimanche 3 septembre, 10 000 coureurs de 118 nationalités et 100 000 spectateurs sont attendus dans les 18 communes de France, de Suisse et d’Italie traversées par les huit épreuves de 15 à 300 kilomètres que compte désormais l’événement. Les 2 300 inscrits à la course phare et historique, avec ses 171 kilomètres pour 10 000 mètres de dénivelé positif – soit quatre marathons bout à bout agrémentés de l’équivalent de deux ascensions de l’Everest en partant du camp de base –, s’élanceront vendredi 1er septembre à 18 heures de Chamonix (Haute-Savoie). Les premiers sont attendus une vingtaine d’heures plus tard au même endroit et les derniers, dimanche à 16 h 30, après deux jours et deux nuits d’efforts.

Le 30 août 2003 au petit matin, sur la place de l’église de Chamonix, 663 « ultrafondus » d’une vingtaine de nationalités étaient au départ. Soixante-sept seulement rallièrent l’arrivée, sous le regard d’un public à la fois clairsemé et médusé. Beaucoup, à l’instar du chroniqueur du Dauphiné libéré, n’ont alors vu dans ce « laminoir des cimes » qu’une « addition de souffrances », mais les rescapés peuvent se targuer d’avoir contribué à la naissance d’un mythe.

Les sirènes du profit

En trois éditions seulement, le nombre de coureurs a triplé et celui des « finishers » a été multiplié par dix. Dix ans plus tard, celui des trails hexagonaux inspiré de cet exemple aura fait la même culbute, passant de 150 à 1 500. Pour ses vingt ans, « la course aux mille vainqueurs », dont le dernier est célébré aussi triomphalement que le premier, suscite plus de convoitises que jamais. Pourtant, les conditions ont changé.

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En 2007, les 2 377 dossards disponibles se sont arrachés en huit minutes et près de 5 000 demandes ont été rejetées. « Nous sommes passés de faiseurs à briseurs de rêves », déplore la patronne d’UTMB France, Isabelle Viseux-Poletti, la fille de la fondatrice de l’épreuve, Catherine Poletti. Un tirage au sort a remplacé, l’année suivante, la règle du premier arrivé, premier-servi, de nouvelles épreuves sont venues étoffer l’offre au fil des ans, puis un système de qualification par points, à glaner dans d’autres courses, a dû être ajouté au processus de sélection. Depuis 2022, le sésame est réservé à ceux qui ont été performants dans d’autres épreuves labélisées UTMB – il en existe désormais 38, réparties sur tous les continents. Une exclusivité qui fait parfois grincer des dents. Les promoteurs des valeurs fondatrices de l’ultra-trail ont-ils cédé aux sirènes du profit ?

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