Performant et fantasque. Peter Sagan, l’une des personnalités les plus singulières du peloton professionnel, fait ses adieux au cyclisme sur route, dimanche 1er octobre, à l’occasion du Tour de Vendée. Professionnel depuis 2009, le Slovaque de 33 ans s’est constitué un palmarès peu commun, qui comporte notamment trois titres de champion du monde (2015, 2016, 2017), douze victoires d’étape et sept fois maillot vert (un record) sur le Tour de France et des succès dans les classiques les plus prestigieuses (Tour de Flandres 2016, Paris-Roubaix 2018).
Sprinteur casse-cou également capable, pendant une partie de sa carrière, d’accompagner les puncheurs dans les côtes placées à proximité des lignes d’arrivée, Sagan a cumulé 121 victoires lors de ses quatorze saisons de coureur professionnel. Sa capacité à s’imposer sur tous les terrains, montagne mise à part, en a fait un épouvantail pour ses adversaires pendant de nombreuses années. Comparé aux légendes du peloton lorsqu’il était jeune, il répéta à plusieurs reprises lors de sa carrière son souhait d’être considéré comme le « premier Peter Sagan » plutôt que le « second Eddy Merckx ».
D’une dextérité peu commune sur un vélo – un héritage de ses années de formation en cyclo-cross et VTT –, le Slovaque avait la capacité de faire le spectacle, même quand il n’était plus en course pour la victoire. Lors du Tour de France 2019, il a été filmé en train de dédicacer son livre à un spectateur tout en roulant, en pleine étape de montagne.
En quatorze années de professionnalisme, Sagan a connu six équipes différentes. Depuis 2022, il portait les couleurs de la formation française TotalEnergies, avec laquelle il n’a jamais réussi à obtenir de brillants résultats. « Deux victoires [une étape du Tour de Suisse et un championnat de Slovaquie] chez nous, c’est peu, mais j’ai trop de respect pour lui pour en dresser un portrait négatif », dit Benoît Génauzeau, l’un des directeurs sportifs de la formation vendéenne, dimanche 1er octobre, dans L’Equipe.
Le VTT, son premier amour
Après avoir souffert d’un Covid long en 2022 et fait quelques passages dans la rubrique faits divers à l’issue de sorties nocturnes alcoolisées à Monaco, son lieu de résidence, Sagan n’était plus que l’ombre du vainqueur en série qu’il a été. « Il ne prend plus de plaisir : je le sens franchement épuisé, à bout, affirme Jean-René Bernaudeau, le patron de l’équipe TotalEnergies, dans L’Equipe. Ce mec a tellement de pression, de sollicitations et de gens qui gravitent autour de lui, depuis tellement d’années… Tout cela l’a usé. Le ressort est cassé. »
Sagan, lui, aimerait bien s’offrir de derniers frissons en compétition en revenant à ses premières amours, le VTT, à l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024. Se qualifier pour l’épreuve ne sera pas une mince affaire, face à des spécialistes de la discipline dans la force de l’âge. Mais Sagan n’est pas la première rockstar a se lancer ce genre d’ultime défi. S’il échoue, il aura alors tout le temps de se consacrer à l’hôtel qu’il compte ouvrir en Slovaquie.