Il va flotter ce week-end sur le Stade de France, à Saint-Denis, un parfum de Tournoi des six nations. Samedi 7 octobre à 21 heures, l’équipe de rugby d’Irlande affronte l’Ecosse lors de l’ultime match de la poule B. Du résultat de la rencontre dépendra l’identité des quarts-de-finalistes parvenus à s’extraire de ce « groupe de la mort » et donc l’adversaire du XV de France en quarts de finale.
Après les exotiques affrontements entre le Portugal et la Géorgie, la Namibie et l’Uruguay ou le Chili et l’Argentine, l’amateur de rugby va replonger, avec délice ou à contrecœur, c’est selon, dans le confort de l’habitude. Irlande et Ecosse s’affrontent une fois par an depuis cent quarante-six ans, et leurs joueurs se connaissent par cœur, pour croiser le fer chaque année dans le Tournoi, mais aussi en championnat et en Coupe d’Europe avec leurs clubs respectifs.
« Nous avons évidemment un plan de jeu. Nous avons l’avantage de les avoir joués assez souvent dans les Six Nations et donc de pouvoir regarder nos précédentes rencontres avec eux, et les occasions que nous n’avons peut-être pas saisies », analysait, cette semaine, le capitaine du XV du Chardon, Jamie Ritchie.
Huit défaites consécutives
Pour les Ecossais, après leur défaite inaugurale face à l’Afrique du Sud (18 à 3), l’équation est claire mais délicate. Il faut l’emporter pour avoir une chance de progresser jusqu’aux quarts de finale. Mais une simple victoire ne leur suffira pas : l’Ecosse doit remporter son match sans que l’Irlande ne prenne de point de bonus (offensif, en marquant quatre essais, ou défensif, en perdant par sept points ou moins). Le XV du Chardon peut éventuellement laisser un bonus à son homologue du trèfle à condition de l’emporter avec un écart suffisant au tableau d’affichage : il faudra alors sortir la calculette pour voir si, à la différence de points, l’Irlande reste ou non devant son adversaire du soir.
« On savait qu’il fallait livrer notre meilleure performance sur l’un de ces deux matchs [contre l’Irlande ou l’Afrique du Sud] et, comme nous n’avons pas assez bien joué contre l’Afrique du Sud, c’est contre l’Irlande que tout se joue », reconnaît Jamie Ritchie.
Problème : cela fait bien longtemps que l’Ecosse n’a pas triomphé de l’Irlande, puisqu’elle reste sur huit défaites consécutives, concédées avec une moyenne de plus de 14 points de retard. Lors de leur dernière rencontre, comptant pour le Tournoi des six nations 2023, l’Irlande avait sèchement dominé son adversaire 22 à 7, infligeant en seconde période un implacable 14 à 0.
Jeu très mobile et capacités offensives
L’Ecosse, en progrès constant ces dernières années et cinquième au classement mondial, est cependant capable de rivaliser avec n’importe quelle équipe. Début août, elle avait battu le XV de France – certes largement remanié – dans son stade de Murrayfield, à Edimbourg. Même sa dernière défaite face à l’Irlande recelait des motifs d’espoirs : avant de s’effondrer en seconde période, les Ecossais avaient mené la vie très dure aux Irlandais.
Le XV du Chardon peut notamment s’appuyer sur un style de jeu très mobile et des capacités offensives au-dessus de la moyenne, dans le sillage de son demi d’ouverture Finn Russell, l’un des meilleurs joueurs du monde. « Nous devons arriver à faire fonctionner notre attaque : quand c’est le cas, je pense qu’on peut battre n’importe qui », confirmait, cette semaine, l’arrière du Chardon Blair Kinghorn.
Face à l’Irlande, elle a cependant prévu un banc des remplaçants composé de six avants, contre seulement deux trois-quarts, preuve qu’elle n’entend pas se dérober au bras de fer que proposeront les Irlandais. « On sait que le match sera très physique et que la rapidité de déplacement du ballon est cruciale pour la réussite de notre attaque. Pour cela, on a pensé qu’un troisième-ligne supplémentaire apporterait la fraîcheur, l’énergie et l’agressivité dont on aura besoin pour disposer de ballons rapides et ralentir l’adversaire en défense », a expliqué le sélectionneur écossais, Gregor Townsend.
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Dans ce domaine, l’Ecosse a des arguments : elle l’a montré en rivalisant, en particulier au début du match, contre l’Afrique du Sud. « Depuis une bonne année, on a disputé des matchs physiques et on s’est montrés à la hauteur. Nous sommes prêts à affronter n’importe quelle équipe », affirme le pilier écossais Zander Fagerson, qui sera au cœur du combat.
Gregor Townsend croit fermement aux chances de son équipe. « On a déjà sorti de grosses performances lors de matchs où on n’était pas favoris, à Paris [, contre les Bleus] comme à Twickenham [à Londres], contre l’Angleterre. On veut être l’équipe courageuse et qui n’a rien à perdre. Ça a été notre état d’esprit toute la semaine », a ajouté le technicien écossais.
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