prison requise contre trois supporteurs corses

« Pas de casier judiciaire », mais pas non plus « d’excuse fiable ». Le procureur Nicolas Septe a requis des peines de prison à l’encontre de trois supporteurs ajacciens qui comparaissaient vendredi 26 août devant le tribunal correctionnel d’Ajaccio pour « violences aggravées » et « extorsion avec violence » lors du match ACA-Olympique de Marseille du 3 juin. Dix-huit mois de prison assortis de douze mois avec sursis et 1 500 euros d’amende ont été demandés contre Marc-Antoine C.-E., présenté comme le meneur, et un an de prison avec sursis et 1 000 euros d’amende contre Pablo E. et Anthony G., les deux « suiveurs ».

Avant le coup d’envoi de l’ultime journée de Ligue 1, ils avaient pénétré dans une loge où se trouvaient Kenzo, 8 ans, souffrant d’un cancer au cerveau, et son jeune frère. Assenant deux coups de poing au visage du père, Laurent Canlay, tandis que Kenzo était violenté.

« Ce dossier avait connu un fort retentissement médiatique, il a ému la France entière parce que cela touchait un enfant malade », a rappelé le représentant du ministère public, soulevant que cela « mettait également en lumière la violence dans les stades, qui ne doivent pas devenir des zones de non-droit ».

M. Septe a en ce sens réclamé que le tribunal prononce une interdiction de stade de cinq ans à l’endroit de ces jeunes de 20 ans, qui n’ont pas eu conscience de la « gravité des faits » survenus ce soir-là en quatorze secondes dans la loge numéro 2 du stade François-Coty.

Ce laps de temps, capté par la vidéosurveillance à l’extérieur de la loge, montre la virulence et la soudaineté de l’intrusion. L’agression, elle, a échappé à l’objectif, car la loge n’était pas équipée d’une caméra. Regrettant de n’avoir pas eu accès à ces images, la défense avait demandé le renvoi, mais le tribunal présidé par Eric Métivier a décidé de les diffuser lors d’une audience fleuve de près de seize heures.

« Ils ont fait une énorme connerie »

A la barre, en baskets, polo manche courte sombre et jean, les trois prévenus ont défilé pour dire avec plus ou moins de conviction leurs regrets à la famille de Kenzo, qui, « trop fragile encore », selon son conseil, Mᵉ Frédéric Pourrière, n’était pas présente sur les bancs de la partie civile.

« Si on avait su qu’il y avait des enfants, cela ne serait pas passé comme ça », assure Marc-Antoine C.-E. « 1,93 m, 93 kg », qui s’est rué dans la loge avec ses acolytes parce que le père les « narguait » avec un maillot de l’OM dont il embrassait l’écusson et avait fait un « doigt d’honneur ». Provocation intolérable pour les jeunes, qui ont formé un commando punitif « sans réfléchir ». Quelques minutes après le coup de sang, les réseaux sociaux tissaient un scénario détestable, celui d’un enfant malade violenté, jeté à terre et son maillot brûlé sous ses yeux. « Je regrette ce qu’on a fait, mais ce qui est difficile, c’est d’être accusé de ce qu’on n’a pas fait », maugrée le prévenu.

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