Siya Kolisi, l’enfant des townships devenu aussi célèbre qu’un Beatles en Afrique du Sud

Quand les caméras de télévision zoomeront sur son visage, dimanche 15 octobre, juste avant l’entrée des équipes française et sud-africaine sur la pelouse du Stade de France, Siya Kolisi sera en train de chanter. C’est comme ça que le capitaine des Springboks se concentre. Ses équipiers, qu’il conduira à la bataille ce soir-là face au XV tricolore pour une qualification en demi-finales de la Coupe du monde de rugby, connaissent bien ce rituel. « Dans ma culture, on adore chanter, explique au Monde l’international de 32 ans. Et moi, ça me permet de m’extraire de la clameur extérieure pour ne penser qu’à la tâche à accomplir : gagner. » Message reçu même si on s’en doutait un peu. Dimanche, l’Afrique du Sud va tout donner pour continuer de rêver à l’exploit inédit de devenir championne du monde une quatrième fois après ses titres de 1995, 2007 et 2019.

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Physiquement, Siya Kolisi, 105 kilos pour 1,88 mètre, n’est pas le plus costaud de son groupe, plutôt taillé façon menhir. Pourtant, le joueur en impose. Malgré cette corpulence considérée comme moyenne dans le monde de l’Ovalie, il a une démarche de géant et son regard insondable fait penser à un boxeur prêt à monter sur le ring. Ses adversaires redoutent ses plaquages et savent qu’il est quasi impossible de lui arracher le ballon des mains quand il lance une contre-attaque. Mais ce ne sont pas seulement ses qualités de troisième-ligne aile qui font peur, le numéro 6 est aussi un incroyable meneur d’hommes.

En mai 2018, il devient le premier capitaine noir de l’histoire des Springboks. C’est une muraille sportive qui s’effondre alors. Dans l’ancienne nation ségrégationniste, il a fallu attendre 1995 pour qu’un joueur de couleur, Chester Williams, intègre l’équipe nationale. Si, en 2018, le sélectionneur de l’époque, Rassie Erasmus, décide de franchir une nouvelle étape, c’est qu’il voit en Siya Kolisi un véritable chef de guerre. L’avenir lui donne raison. En 2019, l’Afrique du Sud soulève de nouveau la Coupe Webb Ellis, douze ans après son dernier sacre.

« C’est un gars spécial »

Même s’il reste toujours très actif au sein du staff, Rassie Erasmus a aujourd’hui cédé sa place à Jacques Nienaber, lui aussi convaincu du leadership incontestable de Siya Kolisi. Les journalistes interrogent souvent le capitaine sud-africain sur son sens du collectif tant vanté par le duo d’entraîneurs. « Dans un sport comme le rugby, il ne faut pas avoir d’ego, a-t-il répondu le 10 septembre, après la victoire contre l’Ecosse (18-3) en match de poules. Si je prenais le melon, les joueurs me le diraient, car, dans l’équipe, on pense le “nous” avant le “moi”. »

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