Le candidat républicain au poste de speaker (président) de la Chambre des représentants américaine, Steve Scalise, a annoncé, jeudi 12 octobre dans la soirée, retirer sa candidature. L’élu de Louisiane, qui est déjà le chef du groupe des républicains dans l’assemblée, avait remporté mercredi une élection informelle pour remplacer Kevin McCarthy, destitué le 3 octobre. Mais il n’a pas réussi à obtenir le soutien nécessaire en raison de querelles fratricides entre élus modérés et trublions trumpistes au sein de son parti.
Agé de 58 ans, il avait obtenu le soutien de nombreux poids lourds du parti et avait été préféré à Jim Jordan, qui préside la commission des affaires judiciaires et qui est connu pour son scepticisme à l’égard de l’aide américaine à l’Ukraine et était soutenu par Donald Trump.
Mais pour accéder officiellement au perchoir, M. Scalise devait passer l’étape cruciale du vote en session plénière de la Chambre des représentants, contrôlée de peu par ses pairs – 221 sièges contre 212 pour les démocrates –, probablement le moment le plus difficile de ce processus. Il avait besoin de 217 voix pour être élu. Il n’a finalement pas pris le risque de l’échec.
« Certaines personnes ont leur propre programme »
« Je viens de faire savoir à mes collègues que je retirais mon nom comme candidat », a-t-il déclaré à des journalistes. « Si vous regardez les dernières semaines (…), il y a toujours du travail à accomplir, a-t-il ajouté. Il y a encore certaines personnes qui ont leur propre programme. »
Plus tôt dans la journée, les élus républicains de la Chambre ont discuté à huis clos pendant plusieurs heures, sans parvenir à surmonter leurs divergences, qui les empêchent depuis neuf jours de s’accorder sur le remplaçant du déchu Kevin McCarthy.
Une dizaine de conservateurs ont fait savoir qu’ils s’opposeraient coûte que coûte à la candidature de Steve Scalise, connu pour avoir survécu à une fusillade en 2017. Ils ont invoqué, pêle-mêle, les positions budgétaires de l’élu, le fait qu’il souffre d’un cancer, ou son discours prononcé il y a vingt ans lors d’une convention liée à un ancien chef du Ku Klux Klan, pour lui faire barrage.
Le blocage durera-t-il encore quelques jours ? Quelques semaines ? La confusion semble régner à tous les niveaux du parti. « Ce pays compte sur nous pour nous unir. La Chambre des représentants à besoin d’un président et nous devons [la] faire fonctionner à nouveau », a martelé Steve Scalise. « Mais il est clair que tout le monde n’est pas là. Et qu’il y a toujours des divisions qui doivent être réglées », a-t-il ajouté. « Pourquoi est-ce que l’on ne rentrerait pas tous à la maison pour se retrouver la semaine prochaine ? », a de son côté suggéré l’élue trumpiste Marjorie Taylor Greene jeudi après-midi.
« Une solution transpartisane »
Le Parti démocrate de Joe Biden est minoritaire à la Chambre et donc principalement spectateur des tractations chaotiques au Congrès. A moins d’une alliance surprise avec des républicains modérés, qui pourrait elle aussi mettre fin à cette situation sans précédent.
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« La guerre civile des républicains à la Chambre continue de paralyser le Congrès », a déploré jeudi le chef des représentants démocrates Hakeem Jeffries, estimant qu’« une solution transpartisane est la seule façon de s’en sortir ».
L’urgence de ne pas laisser davantage vacant le siège de speaker a été alimentée par la crise en Israël, afin que la Chambre puisse voter d’éventuelles mesures et approuver des aides supplémentaires à l’Ukraine, entre autres.
La rébellion de seulement huit élus républicains a suffi la semaine dernière à provoquer la chute de Kevin McCarthy, auquel il avait fallu en janvier quinze tours de scrutin pour être nommé speaker – du jamais-vu dans l’histoire de la Chambre.