un collectif demande l’exclusion de l’Iran pour discrimination faite aux femmes dans leur pratique sportive

un collectif demande l’exclusion de l’Iran pour discrimination faite aux femmes dans leur pratique sportive

Le Comité national olympique de la République islamique d’Iran doit-il être exclu des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024 ? Pour l’ancien boxeur professionnel Mahyar Monshipour, français d’origine iranienne, et Frédéric Thiriez, avocat au Conseil d’Etat, cela ne fait aucun doute : en discriminant les femmes dans leur pratique sportive, l’Iran ne respecte pas les principes fondamentaux de l’olympisme, ont plaidé les deux hommes lors d’une conférence de presse à Paris, mercredi 13 septembre.

Le choix de cette date n’est pas anodin. Il y a exactement un an, Mahsa Amini, une étudiante iranienne de 22 ans, était arrêtée de façon musclée par la police des mœurs, qui lui reprochait de ne pas porter son voile de manière conforme. Trois jours plus tard, elle succombait à ses blessures, entraînant un vent de révolte.

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« C’est à ce moment que je me suis dit qu’il était temps d’attirer l’attention sur les violences et discriminations faites aux femmes dans le sport en Iran », explique Mahyar Monshipour, six fois champion du monde de boxe. Là-bas, les femmes n’ont pas le droit de paraître dans les stades, doivent être couvertes de la tête aux pieds et sont interdites ou restreintes dans leur pratique de certaines disciplines.

Shiva Nariman, boxeuse, a dû quitter le pays pour continuer à faire son sport, interdit aux femmes, comme le volley-ball de plage. « Pourquoi on ne peut pas pratiquer le sport qui nous intéresse ? », déplore-t-elle. La natation, la gymnastique et la lutte – pourtant sport majeur en Iran – sont, elles, ouvertes aux femmes, mais à certaines conditions : pas de coach homme ni de pratique à la vue de tous. Si ces trois disciplines possèdent des championnats nationaux, les athlètes féminines n’ont pas le droit de participer aux compétitions internationales.

« Ce que les femmes font en Iran, ce n’est pas vraiment du sport, c’est une illusion, résume Shirin Shirzad, directrice technique de la Fédération iranienne de lutte et réfugiée en Ecosse. Notre rêve est tout simplement de pouvoir pratiquer sans discrimination. »

« C’est de l’apartheid racial »

Pour porter l’initiative, Mahyar Monshipour a fait appel à Frédéric Thiriez, avocat depuis 25 ans et ancien président de la Ligue de football professionnel. Alors que le Comité international olympique (CIO) doit encore se prononcer sur la participation, ou non, des Russes et des Biélorusses aux JOP 2024, son président, Thomas Bach, a reçu, le 27 juillet, une lettre signée par les deux hommes ainsi que de Shirin Ebadi, prix Nobel de la Paix 2003, demandant l’exclusion de l’Iran.

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Leur revendication se base sur les principes fondamentaux de l’olympisme, qui énoncent que « la pratique du sport est un droit de l’homme » et que « la jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Charte olympique doit être assurée sans discrimination d’aucune sorte, notamment en raison de la race, la couleur, le sexe, l’orientation sexuelle, la langue, la religion, les opinions politiques ou autres ».

Ils demandent donc l’exclusion totale du Comité olympique d’Iran ou, a minima, la non-participation de la délégation iranienne aux cinq disciplines interdites aux femmes en compétitions internationales. Alors qu’ils ont obtenu, il y a une semaine, une réponse « courtoise et qui botte en touche », Frédéric Thiriez assure « être en train de travailler sur une saisine du tribunal arbitral du sport », en rappelant le précédent de l’Afrique du Sud.

Le pays avait, en effet, été exclu des JOP entre 1964 et 1991 en réponse à son régime. « C’était de l’apartheid racial, en Iran, c’est de l’apartheid racial », assène l’avocat. La militante Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes et qui soutient la démarche, abonde : « En 1973, l’Organisation des nations unies a voté une convention qui qualifie l’apartheid de crime et établit que les Etats qui entretiennent des liens avec ce pays sont complices. Ce qui serait le cas du CIO. »

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Pour se faire entendre, le collectif compte sur le pouvoir juridique, mais aussi sur la pression des opinions publiques dans tous les pays, avec la circulation d’une pétition. « Défendre le droit des Iraniennes à pratiquer le sport, c’est aussi défendre nos propres filles, sœurs, mères, conclut Mahyar Monshipour. Si on ne fait pas attention à ce qui se passe là-bas, demain, ça arrivera ici. »

By Eduardo Carmona

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