Jamais un athlète burkinabé n’avait obtenu de médaille d’or dans l’histoire des Championnats du monde d’athlétisme. Hugues Zango (30 ans) a comblé ce vide lundi 21 août à Budapest (Hongrie), en s’installant sur la plus haute marche du podium, grâce à un bond de 17,64 m qui lui a permis de devancer les Cubains Lazaro Martinez (17,41 m) et Cristian Napoles (17,40 m). Il revient pour Le Monde sur cette performance historique.
Votre titre de champion du monde est tout frais. Que représente pour vous cette récompense ?
Hugues Zango Je suis encore sur mon petit nuage. Ma famille était présente à Budapest, c’est la première fois que mes parents et mon frère venaient à une grande compétition pour me soutenir. Je reçois beaucoup de coups de fil et de messages, même le chef de l’Etat du Burkina Faso [le capitaine putschiste Ibrahim Traoré] doit m’appeler. Je suis très heureux d’avoir remporté cette médaille d’or, pour mon palmarès bien sûr, mais aussi pour mon pays et pour l’Afrique.
Je dois me rendre au Burkina au début du mois de septembre et je m’attends à recevoir un très bel accueil. Je n’oublie pas, aussi, que mon pays connaît des moments difficiles, qu’il lutte contre le terrorisme. J’ai reçu des messages de militaires qui sont au front et qui m’ont dit que mon titre les avait galvanisés.
Depuis plusieurs années, vous faites partie des meilleurs spécialistes mondiaux du triple saut. Votre sacre à Budapest n’est pas une surprise…
Non. Je m’étais préparé à cela depuis des mois, notamment lors d’un stage intensif à Montpellier en octobre. Ces dernières années, entre le bronze aux championnats du monde à Doha en 2019 et aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, l’argent à Eugene (Etats-Unis) aux championnats du monde 2021, et l’or aux championnats d’Afrique à l’île Maurice l’année dernière, mes performances étaient très bonnes.
Je visais l’or à Budapest. C’est vrai que le Portugais Pedro Pichardo, un de mes principaux adversaires, n’était pas là, mais il y avait quand même une forte concurrence, avec les Cubains notamment. J’étais très bien préparé physiquement. Mentalement, j’étais dans les conditions idéales, et mes dernières performances en salle et en plein air m’avaient mis en confiance. J’ai fait un saut de 17,64 m à mon cinquième essai. Je connais bien mes adversaires, je savais que les Cubains notamment passent rarement au-delà des 17,60 m. Et j’ai compris alors que c’était presque gagné !
Vous êtes donc confiant pour les Jeux olympiques 2024 à Paris ?
Aujourd’hui, je n’y pense pas particulièrement, mais je vais évidemment les préparer comme il faut, avec la médaille d’or comme objectif normal. Je suis un peu l’homme des premières fois en Afrique dans cette discipline. Mais avant cela, je vais préparer la Ligue de diamant (16 et 17 septembre à Eugene, aux Etats-Unis), présenter ma thèse d’ici à la fin de l’année [Hugues Zango suit des études de génie électrique à l’université d’Artois à Béthune et est licencié au club Artois Athlétisme]. Et aussi prendre de vraies vacances, ce que je n’ai pas fait depuis quatre ans. J’en ai besoin, surtout en vue des Jeux !