L’armée israélienne suspendue à l’ordre d’envahir la bande de Gaza

Deux nouvelles otages israéliennes ont pu quitter Gaza, libérées par le Hamas lundi 23 octobre. Ces deux femmes, âgées de 79 et 85 ans, avaient été kidnappées au kibboutz Nir Oz durant l’attaque du 7 octobre, avec leurs conjoints, qui demeurent pour leur part captifs dans l’enclave. D’une même main, le mouvement islamiste soulage ainsi deux familles israéliennes et perpétue leur angoisse. Il rappelle ainsi son pouvoir de vie et de mort sur ses captifs – 222 au total, selon la dernière évaluation de l’armée, dont de nombreux binationaux. Cette attitude incite Israël à temporiser. L’armée se tient prête à envahir l’enclave depuis déjà une semaine, mais l’ordre de mener l’assaut ne vient pas.

Lundi soir, l’Etat hébreu a remercié l’Egypte, après que les deux otages ont quitté l’enclave à travers le terminal de Rafah, à la frontière égyptienne, par lequel une aide humanitaire commence à arriver dans l’autre sens, à un rythme infiniment lent, au prix d’interminables tractations diplomatiques. Durant cette première phase du conflit, le Hamas cherche à exploiter les divergences de vues qui se font jour entre Israël et son allié américain, et au sein même du gouvernement.

Le 20 octobre, les premières otages libérées par le Hamas, une mère et sa fille adolescente, étaient citoyennes israéliennes et américaines. Depuis dimanche 22 octobre, des officiels américains anonymes ont affirmé à la chaîne CNN comme au New York Times que Washington avait suggéré à Israël de ne pas précipiter son invasion terrestre. L’administration Biden espère faire libérer huit Américains toujours disparus, sans doute détenus par le Hamas à Gaza, et faciliter la sortie par Rafah de plusieurs centaines de Palestiniens également détenteurs d’un passeport américain, toujours bloqués dans l’enclave sous blocus. Au total, quelque 2 000 binationaux seraient prêts à quitter l’enclave, dont une moitié d’Européens. La Maison Blanche pense que la médiation du Qatar et de l’Egypte a plus de chances d’aboutir tant que les chars israéliens ne sont pas entrés à Gaza.

Ambition immense

Mais Washington refuse cependant, pour l’heure, d’entendre parler d’un cessez-le-feu. Intervenant dimanche sur plusieurs chaînes de télévision, le secrétaire d’Etat, Antony Blinken, a écarté l’idée de « geler les choses comme elles sont ». Evoquant sur NBC la logique de l’Etat hébreu, M.Blinken a noté : « Ils ne peuvent pas revenir à un statu quo où le Hamas serait en mesure de répéter ce qu’il a commis (…). En même temps, je n’ai pas entendu de la part des Israéliens la moindre intention ou désir de diriger Gaza eux-mêmes », une fois l’opération terrestre achevée.

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