Cela pourrait ressembler à un cliché de série américaine. Les procureurs fédéraux reprochent à Donald Trump, dans un document judiciaire publié jeudi 27 juillet, d’avoir tenté de faire effacer des images de vidéosurveillance de sa résidence floridienne, afin d’éviter qu’elles ne tombent aux mains des enquêteurs fédéraux dans l’affaire des documents classifiés que l’ancien locataire de la Maison Blanche a emportés à son domicile de Mar-a-Lago.
Ces images sont depuis longtemps au cœur de l’enquête car, selon les procureurs, elles montrent l’un des deux assistants de l’ancien président, Walt Nauta, en train de faire entrer et sortir des boîtes de documents d’une salle de stockage, notamment la veille d’une visite sur place de fonctionnaires du FBI et du ministère de la justice en juin 2022.
D’après les nouveaux éléments de l’acte d’accusation, il est reproché à M. Trump, ainsi qu’à M. Nauta et un autre assistant, Carlos De Oliveira, d’avoir, après cette visite, demandé à un employé de la résidence de « supprimer des images de vidéosurveillance du Club de Mar-a-Lago pour éviter que ces images ne soient remises » à la justice, les hommes de loi ayant émis une citation à comparaître pour les obtenir après avoir remarqué la présence de caméras de surveillance.
Une demande venue du « boss »
Walt Nauta avait déjà été inculpé aux côtés de Donald Trump. L’inculpation de Carlos De Oliveira est, elle, nouvelle. Ce dernier, selon l’accusation, « a insisté » auprès d’un technicien de la résidence, disant « que “le boss” voulait que ce serveur soit effacé ».
Il est également reproché à l’ancien président d’avoir conservé un document militaire secret supplémentaire. M. Trump l’avait montré et décrit auprès de plusieurs personnes après avoir quitté la Maison Blanche comme « secret », « hautement confidentiel » et non « déclassifié », selon un enregistrement.
Les nouveaux chefs d’accusation révélés jeudi sont « ridicules », a réagi M. Trump sur le site internet de Fox News, accusant une fois de plus son successeur Joe Biden d’être derrière l’enquête menée par la justice fédérale. « C’est de l’ingérence électorale, » a-t-il clamé. « Si nous ne dépassions pas Biden de beaucoup dans de nombreux sondages (…), cela n’aurait pas lieu », a-t-il encore assuré.
Donald Trump était jusqu’alors inculpé de 37 chefs d’accusation dont « rétention illégale d’informations portant sur la sécurité nationale », « entrave à la justice » et « faux témoignage » dans cette affaire, pour laquelle il a plaidé mi-juin non coupable devant un tribunal fédéral de Miami. Il est accusé d’avoir mis la sécurité des Etats-Unis en péril en conservant des documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche en janvier 2021, dont des plans militaires ou des informations sur des armes nucléaires, dans sa résidence de luxe, au lieu de les remettre aux Archives nationales comme l’oblige la loi. Une autre loi, sur l’espionnage, interdit de conserver des secrets d’Etat dans des lieux non autorisés et non sécurisés.
De multiples enquêtes
Ces nouveaux chefs d’accusation viennent épaissir un dossier pour lequel un procès fédéral est prévu en mai 2024 en Floride, en pleines primaires républicaines pour lequel Donald Trump est favori.
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Ils interviennent le jour où les avocats du milliardaire républicain ont rencontré des représentants du ministère de la justice dans le cadre d’une autre enquête concernant les tentatives de renverser sa défaite à l’élection de 2020, et notamment l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021, pour laquelle il pourrait également être inculpé.
Une nouvelle inculpation viendrait donc s’ajouter à celle sur les archives de la Maison Blanche et celle, par la justice de l’Etat de New York, pour des paiements suspects à une ancienne actrice de films X. Et les ennuis risquent de ne pas s’arrêter là pour Donald Trump : une procureure de Géorgie doit également annoncer d’ici septembre le résultat de son enquête sur les pressions qu’il a exercées pour tenter d’altérer le résultat de la présidentielle de 2020 dans cet Etat du sud des Etats-Unis.