Au petit jeu des pronostics, pas grand monde ne devait avoir misé sur l’Espagne au début de la Coupe du monde féminine de football. En deux participations jusqu’alors, la Roja n’avait jamais dépassé le stade des huitièmes de finale. Et, pour son troisième Mondial, elle devait aussi composer avec un conflit interne entre ses joueuses et leur sélectionneur, Jorge Vilda – plusieurs d’entre elles lui reprochant une mauvaise qualité d’entraînement et une intrusion trop importante dans leurs vies privées.
Dans ce contexte, de nombreuses stars ne sont plus sélectionnées en équipe nationale et ne sont donc pas du voyage en Nouvelle-Zélande et en Australie. Une situation qui promettait un parcours cauchemardesque… et c’est pourtant le contraire qui se produit. Mardi 15 août, la Roja s’est en effet qualifiée pour la finale en venant à bout de la Suède, grâce à un but de la capitaine Olga Carmona dans le temps additionnel (90e+1). Score final : 2-1.
A l’Eden Park d’Auckland, antre habituel de l’équipe néo-zélandaise de rugby, les spectateurs massés dans les tribunes n’ont pas assisté au meilleur match de la compétition pendant de longues minutes. Pourtant tombeuses des doubles tenantes du titre américaines en huitième de finale, les Suédoises ont eu beaucoup de difficultés à s’approcher de la cage de leurs adversaires, et surtout à leur récupérer le ballon. Car chez les hommes comme chez les femmes, la tactique ne change pas quand on porte le maillot de la sélection espagnole : on veut la balle, et le plus souvent possible (63 % de possession contre la Suède mardi).
Trois buts en fin de match
A force de multiplier les passes, les joueuses de Jorge Vilda ont fini par trouver la faille par le biais de Salma Paralluelo, rentrée en jeu à la 57e minute. Bien placée dans la surface, l’attaquante barcelonaise de 19 ans pensait sans doute avoir marqué le but de la victoire lorsqu’elle a vu sa frappe du droit aller se loger dans l’angle du but de la gardienne suédoise (81e).
Elle venait simplement de donner le coup d’envoi d’une fin de match complètement débridée, durant laquelle les Suédoises sont revenues à hauteur durant quelques minutes par un but de Rebecka Blomqvist (88e), avant que l’Espagnole Olga Carmona n’offre un avantage cette fois définitif aux siennes d’une frappe sous la barre transversale.
« Ça a été un match difficile. Il aurait pu être compliqué de se relever après l’égalisation, mais nous avons montré que cette équipe pouvait gérer n’importe quelle situation », a expliqué Salma Paralluelo à l’agence Associated Press au coup de sifflet final. « Nous le méritions. Nous avons passé tous les défis et nous faisons maintenant face au dernier avec cette finale, le plus gros. »
Au prochain tour, la Roja affrontera le vainqueur du duel entre l’Australie et l’Angleterre, les deux équipes s’affrontant mercredi à Sydney. Quoi qu’il arrive à présent, cette Coupe du monde cuvée 2023 sacrera un champion inédit.
Notre sélection d’articles sur la Coupe du monde de football en Australie et en Nouvelle-Zélande
- La fin de l’aventure, mais le début de l’histoire pour les Bleues
- Maître Renard ou l’art de la communication
- Les Bleues surclassent le Maroc et s’imaginent en briseuses de rêves
- L’odyssée de Pauline Peyraud-Magnin, battante et gardienne des Bleues
- Comment le Maroc a mené sa révolution du football féminin
- France-Maroc, « petit » huitième de finale entre amis
- Le crescendo de Kadidiatou Diani, autrice du premier triplé d’une Française en Coupe du monde
- Comment les femmes ont-elles obtenu leur propre Coupe du monde de football ? Comprendre en trois minutes
- L’équipe de France, guidée par ses « deux Renard », retrouve le chemin du succès face au Brésil
- Amel Majri et Selma Bacha, la gauche lyonnaise au service des Bleues
- Pour Haïti, un premier Mondial grâce à une génération née dans les ruines
- Les Bleues et la tentation de l’étranger
- Inefficaces et parfois fébriles, les Bleues ratent leurs débuts contre les Jamaïcaines
- Hervé Renard, sélectionneur des Bleues, se « plonge entièrement dans cette cause »
- L’équipe de France attaque le Mondial en quête du « déclic » pour enfin gagner